Bonsoir,
En fait, le terme exact est "l'illusion référentielle" (si je comprends bien).
Il y a deux interprétations possibles de ta question :
S'il s'agit de l'illusion que nous avons à croire qu'il est question de nous, que le livre traite directement de nous, ce n'est qu'une demi-illusion puisqu'il s'agit bien sur aussi de nous - du fait que nous nous projetions. Cf. Voir "Pour une esthétique de la réception" de Jauss. (Ed Gallimard, 1990)
(La lecture résulterait de la rencontre.)
Par défaut, c'est par cette illusion que nous nous projetons dans un récit qui demande de la part de son lecteur une identification. De là, le choix que nous faisons d' y entrer ou non, d'adhérer ou non.
Ensuite, et c'est là où ta question est intéressante, c'est en nous demandant si cette fonction littéraire, si ce mode d'appel au lecteur nous rend sensible ou pas : si l'on se défie ou non de ce genre de manoeuvres...
L'étude de la notion de séduction en littérature, vis-à-vis du lecteur est un régal.
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La deuxième interprétation implique un débat sur le réalisme ( ou le naturalisme pour faire très vite) en littérature, sur ce qui fait que nous adhérons au pacte de l'auteur-lecteur afin de croire que tout cela est réel.
C'est un débat très poussé sur le plan littéraire et critique qui n'a cessé de façonner la littérature du XIXème siècle à nos jours ( pour le roman ici).
Et c'est sur le retournement de cette illusion que se sont fondé les avant-gardes du XXème.. Celle qui a le plus remis en cause cette illusion tout en créant une nouvelle modalité d'écriture, c'est le Nouveau Roman. cf. Robbe-Grillet, "Les Gommes" et Nathalie Sarraute, "L'Ere du soupçon".
J'essaie d'être claire et brève. La question à elle seule soulève des débats gigantesques.
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Maitenant, à titre personnel, sensible oui, tant que le lecteur n'est pas pris pour une truffe. En fait, sensible à partir du moment où cette illusion implique une réflexion, un trouble, quelque chose de significatif.
Cordialement.